Ôkhra, un lieu haut en couleur

PortraitsLe 07/06/2017
Les secrets de l'ocre

TPBM en partenariat avec la CMAR PACAIl n'existe plus qu'un seul lieu d'extraction d'ocre en France... Il se trouve à Gargas. La carrière de la Société des Ocres de France permet d'extraire 1000 tonnes maximum chaque année. Cette roche ferrique est désormais utilisée uniquement pour les beaux-arts et les pigments. Ôkhra, société coopérative d'intérêt collectif, créée en 2005, est basée à Roussillon. Elle a pris la suite de l'association du même nom. Elle entend conserver et transmettre dans le droit fil du projet grand site du massif des ocres dont le label pourrait être délivré d'ici 2020. Reportage.

Installée sur un site de cinq hectares, la coopérative culturelle Ôkhra livre ses secrets… les secrets de l’ocre. Le sable ocreux - 80 % de quartz et de silice, 20 % d’ocre - est extrait et mélangé à l’eau. Le sable se dépose et l’ocre se met en lévigation. Dans des bassins, l’ocre va ensuite sécher et être récupérée. « La coopérative Ôkhra, société de production de services, a redonné vie à une ancienne usine d’ocre qui, depuis les années 90, offre une vitrine aux pigments naturels, diffuse la connaissance auprès du public, forme les artisans, enseigne les savoir-faire techniques et soutient la renaissance de cette activité économique », présente Mathieu Barrois, PDG d’Ôkhra. Aujourd’hui, la coopérative dégage un chiffre d’affaires de 550 000 euros et regroupe 250 coopérateurs que ce soit la région Paca, le conseil départemental de Vaucluse, le Parc national du Luberon, la communauté de communes Pays d’Apt Luberon, les communes de Roussillon et de Rustrel, mais également les salariés, les entreprises, les associations, les artisans, les artistes et les bénévoles. Elle s’organise autour de quatre pôles spécialisés : le pôle gestion et développement de l’entreprise culturelle, le pôle patrimoine et territoire, le pôle ressources et matériaux de la couleur, le pôle pratiques et pensées de la couleur. « Les ocres emploient directement une soixantaine de personnes et leur notoriété a permis de créer de nombreux emplois culturels et touristiques », explique Mathieu Barrois. Trente-cinq mille visiteurs viennent chaque année sur le site. Depuis 1996, 8 700 stagiaires y ont été formés.

L’avenir en couleurs

En 2015, Ôkhra devient porteur du PTCE (Pôle territorial de coopération économique) sur un appel à projets national : « Matières et couleurs Luberon - Provence ». C’est un regroupement infra-territorial sur un bassin de vie entre des structures de l’Economie sociale et solidaire (ESS), des structures de l’économie classique et un centre de recherche avec éventuellement des collectivités. Ce PTCE filière couleur naturelle (ocres, plantes tinctoriales et colorants alimentaires) a une approche tournée vers l’emploi, car son but est de créer plus d’économie, plus de valeur ajoutée, de faire venir sur le territoire de nouveaux salariés et de repenser la formation. Il regroupe une trentaine de partenaires. « Le principal axe du pôle territorial de coopération économique est un axe de production autour d’un axe marketing territorial et d’un axe tourisme expérientiel, avec en amont un axe de recherche et développement pour la chimie verte et en aval un axe formation. Il faut réfléchir à la façon d’accompagner les producteurs pour faire des produits à plus grande valeur ajoutée, à terme créateurs d’emplois », souligne le PDG d’Ôkhra. L’aventure Ôkhra n’entend pas s’arrêter là. « Nous voulons devenir un acteur touristique et culturel sur l’ocre et les couleurs en développant des activités de qualité avec des partenariats. Nous souhaitons également rendre disponible les matériaux de la couleur anciens et nouveaux tant pour la recherche que pour la pratique et favoriser l’accès à distance à ces produits et services. Nous voulons aussi développer des partenariats pour structurer un centre de compétence et de formation sur les applications des matériaux de la couleur, de la recherche à la création. Enfin, nous souhaitons concevoir des nouveaux modes de gestion du patrimoine au sein du modèle coopératif d’intérêt collectif », conclut Mathieu Barrois.

www.cresspaca.org 

Alain Ricci

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